Merci les Grecs !

Merci les Grecs !

Mardi 24 février 2015, par Christian Berthier, Tribune libre

Victoire électorale de TZIPRAS : Merci les Grecs !

Merci de nous sortir d’une « unité nationale » médiatique qui a vu le
déferlement, en France, d’un peuple qui était là et bien là pour protester
contre les assassinats de janvier qu’il était là et bien là et qu’il fallait
compter avec lui.

Merci de nous plonger dans l’actualité d’un autre peuple européen qui se
saisit d’élections générales pour exprimer son refus de la poursuite de
politiques dictées de l’étranger pour le dépouiller de ses conquêtes
sociales et de ses moyens d’existence.

Car il ne s’agit pas de leaders, il s’agit du peuple.

Sans son appui actif, Syriza sera balayé. Le peuple grec a déblayé le
gouvernement et les partis qui relayaient directement l’Union Européenne
contre lui. Mais il a montré sa méfiance par une abstention importante qui
ne donne à Tsipras qu’une majorité relative masquée par les 50 députés
supplémentaires offerts au parti arrivé en tête.

Un scrutin ne suffit pas à rassembler le peuple en force active contre la
pression ininterrompue de l’Etat, des banques et de l’Union Européenne qui
ne savent qu’exiger toujours plus du peuple grec.

Les manifestations, assemblées locales et dans les services publics ont
repris jusqu’à ce que soient effectivement mises en place des mesures qui
répondent dans les faits à l’urgence sociale. Sans l’appui effectif d’un
peuple qui se dresse pour défendre ses intérêts, les gouvernements des
partis médiatisés sont de peu de poids face aux forces de la finance. Et
celles-ci s’activent.

Concernant la Grèce, ces forces ont clairement et récemment exprimé leurs
exigences :

Pour le membre français au conseil de la BCE, Benoît Cœuré, "si Tsipras ne
paie pas, il y a défaut de la Grèce et violation de la loi européenne"
Christian Eckert, ministre du budget a affirmé que la France n’abandonnera
pas ses créances vis a vis de la Grèce et se mettra d’accord avec les autres
créanciers sur les taux d’intérêts et l’échelonnement des remboursements
grecs ! La France « socialiste » fait cartel !

Wolfgang Schäuble ministre allemand des finances :“ il y a des règles, il y
a des accords, Quiconque comprend ces choses, connaît les chiffres et
connaît la situation"( ma traduction).

Tel est le système financier international auquel la France est liée par de
multiples accords dont la caractéristique commune est que la loi commune est celle du plus fort.

Nous partageons l’espoir que ce système accepte de négocier et laisse
au gouvernement grec la possibilité de prendre les mesures d’urgences attendues par le peuple grec.

Mais c’est une chose d’avoir l’espoir que tout se passe bien et spontanément et de fêter les succès. C’en est une autre que d’oublier que le "système" nous
tient la dragée haute et ne cèdera pas sans combattre.

La Force restera aux peuples, encore faut il le dire, notamment par les
assemblées constituantes.

Merci les grecs. La France et es Français affrontent les mêmes problèmes et le même blocage des institutions
financières internationales. Présidents et élus de tous niveaux perdent vite
le soutien populaire se mue en franche hostilité dès que les paroles et
mandats donnés ne sont pas respectés. Dès que le même peuple considère qu’un gouvernement n’est plus le sien et qu’il œuvre contre lui, le peuple vote ou s’abstient contre lui.

Alors, sauf a utiliser la force armée, devenue illégitime contre le peuple,
gouverner devient impossible, légiférer, un faux semblant. Retourner devant
le peuple ne suffit plus car les règles du jeux sont discréditées. Ce qui
passe par l’élection d’une assemblée constituante élue et souveraine.
celle-ci forcement devra affronter les pouvoirs établis dans l’économie et
l’état...comme les élus de 1789 et 1793 en France.

Nous y préparons nous vraiment ? Avons nous tiré toutes les leçons de notre
histoire, celle 1789-1793, celles de 1830, 1848, 1871 et de la Libération ?
Nous avons eu nos propres héros, ceux de 1793, de 1848, les Communards, les Blanqui, Edouard Vaillant, Jaurès et le CNR