De quoi un parlement a t-il le plus besoin : d'élus ou d'électeurs ?

De quoi un parlement a t-il le plus besoin : d’élus ou d’électeurs ?

Mercredi 1er juillet 2009, par Didier

L’abstention massive aux dernières élections européennes n’empêchera pas les élus (*) de siéger. Certains commentaires l’ont soulignée mais cependant elle n’a suscité aucune interrogation sur la nature même de nos institutions, bien qu’elle soit de moins en moins exceptionnelle.

Certains, parmi les plus critiques, voient dans l’abstention une « crise de la représentation ».

Que nenni ! Les institutions parlementaires se satisfont très bien de cette absence d’électeurs. D’autant que les tenants du statu quo en sortent renforcés : les sondages montrent que ce sont les plus fragilisés par les crises qui ignorent les urnes, ceux qui pourtant auraient tout intérêt à ce qu’une autre politique, en leur faveur, soit mise en œuvre.

Quand le suffrage était censitaire, seule une petite fraction de la population pouvait voter, la plus riche, celle qui payait des impôts, les propriétaires. Les parlements fonctionnaient.

Aujourd’hui, il y a le suffrage universel. Mais, pour de multiples raisons qu’il n’y a pas lieu d’analyser ici, seule une minorité s’est déplacée aux urnes. Gageons que le parlement fonctionnera.

Alors quoi ? Se plaindre de la dépolitisation des masses ? Pleurer sur la disparition de la citoyenneté ? Insuffisant.

Mais quoi encore ? Prendre acte que le système parlementaire a trahi les Français en 2008 quand il a dit « oui » au traité de Lisbonne ? Constater que nous ne décidons jamais de rien collectivement bien que nous soyons tous concernés, dans aucun domaine ( retraites, EPR, santé, agriculture …) ? Prendre conscience que nous ne sommes collectivement propriétaires ( au sens propre et au sens figuré ) de rien ? La voie est prometteuse.
Tirer les conséquences de ces constatations ? Le cœur du cœur est presque atteint, encore un effort.

* : Je n’ose dire les « heureux élus » car manifestement son élection n’a pas enthousiasmé Brice Hortefeux qui a immédiatement renoncé à son siège : beau pied de nez à ses propres électeurs.