Le Peuple Inattendu

Le Peuple Inattendu

Jeudi 31 décembre 2015, par Association pour une Constituante

André Bellon, Anne-Cécile Robert, Le peuple inattendu, Syllepses, 2003, 124 pages. Avec une préface de Claude Nicolet, membre de l’Institut.

Le peuple inattendu

Présentation

Le boulet Le Pen une fois reçu par la conformité plurielle à l’occasion de la dernière élection présidentielle, tout poussait à penser qu’une saine réaction d’analyse et de remise en cause allait se produire ; il n’en a rien été. Engoncés dans leurs certitudes, les responsables politiques français se sont bornés à dénoncer les risques fascistes, recherchant essentiellement dans l’union sacrée contre le Front national leur propre re-légitimation et un label républicain bien peu mérité ; de fait, en feignant d’oublier que le risque qu’ils dénonçaient résultait d’un vote démocratique, ils passaient outre à toute analyse de leur propre rejet par un peuple auquel on interdit d’exprimer une souffrance accumulée sous l’effet de 20 ans de libéralisme débridé. Bien pire, depuis l’élection présidentielle de mai 2002 et les législatives qui l’ont suivie, des recherches semblent en cours pour mieux contrôler, voire orienter les votes : nombre de signatures nécessaires, restriction plus ou moins forcée du nombre de candidats, en particulier par un financement public des partis politiques plus sélectif, renforcement de la bipolarisation par le scrutin majoritaire… Les évolutions évoquées en matière d’institutions politiques sont fortement marquées par la crainte qu’a de plus en plus la classe dirigeante devant le suffrage universel. Au delà de la France, l’espace européen qui se construit est globalement marqué par un endiguement de la volonté populaire : parlements bridés, concurrencés par de nouvelles instances au fonctionnement lointain et aux responsabilités floues - telle la convention sur l’avenir de l’Europe qui prépare le prochain traité européen -, citoyens sommés de se reconnaître dans une société civile où se mêlent associations progressistes et lobbies de toute sorte (patronaux, sectaires…) . De même, au niveau international, les institutions qui prennent les décisions demeurent complètement hors de portée des citoyens (Fonds monétaire international, Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce…). Pourtant, elles sont les pourvoyeuses en chef des inégalités sociales constatées et de la violence d’un ordre économique qui met la planète à sac en rançonnant les pauvres. C’est une véritable crise de civilisation qui se creuse sous nos yeux : elle met en question les fondements et la légitimité de l’exercice du pouvoir. Cette époque - qui retourne vers le Moyen Age en TGV - a, de fait, un caractère réactionnaire. Il est plus qu’urgent de dénoncer clairement cette régression vers des pratiques d’Ancien Régime et de réagir en remettant la démocratie à l’endroit. Car la rupture avec l’ordre dominant ne pourra se faire qu’au nom de la souveraineté populaire.

Lire l’introduction : Ou comment on retourne vers le Moyen Âge en TGV