L'art de la démission se perd

L’art de la démission se perd

Mardi 31 août 2010, par Association pour une Constituante

L’ineffable Bernard Kouchner, jamais à court d’argument et d’apitoiement sur lui-même, a déclaré qu’il avait « pensé à démissionner » suite aux expulsions de roms, mais qu’il avait pensé nécessaire de rester pour ne pas déserter. Ce n’est d’ailleurs pas, ajoute-t-il, la première fois que cette pensée l’effleure ; comme c’est sans conséquence, il défend ensuite officiellement ce qu’il condamne, affirme-t-il, dans le secret de son cœur. Son collègue Hervé Morin a eu, semble-t-il, les mêmes tentations.
Ces réactions seraient a priori sans importance tant la pensée politique de Kouchner est délétère et sans grande importance en dépit de ses soutiens médiatiques. Mais elles posent quelques questions sur le fonctionnement pervers des institutions. Car enfin, déserter quoi ? Le fauteuil qu’on occupe sans y apporter d’éléments structurés ou même en justifiant et en bafouant ce qu’on prétend combattre ? Qui s’en soucie à part le locataire ?
Au-delà des gesticulations rituelles qui permettent de rester en place tout en sauvant les apparences, il faut bien convenir que démissionner est devenu, de nos jours, un acte bien rare.
On nous permettra de regretter le temps où les responsables politiques étaient responsables devant les citoyens et non devant quelques chefs incontrôlés, où les élus du peuple ne se résumaient pas à être de piètres courtisans. La question de savoir s’ils restaient ou pas en poste était alors estimée en fonction de leurs relations avec le peuple qui les avait mandatés.
On insistera donc sur une évidence de plus en plus apparente : à quoi sert un ministre aujourd’hui ? A qui doit-il rendre des comptes ? Répondre à ces questions permet de comprendre pourquoi il peut rester. Puisque, de toutes façons, cela n’a pas d’importance !