La presse : plus jamais ça !

La presse : plus jamais ça !

Vendredi 8 janvier 2010, par André Bellon

Pas de démocratie sans presse libre, sérieuse et objective.
On se souvient des lamentations des journalistes qui s’étaient fait manipuler lors de l’affaire des faux charniers roumains de Timisoara en décembre 1989. Sur le moment, la presse unanime s’exclama « plus jamais ça ! ».
On fit alors des colloques sur la déontologie du métier de journaliste, on reparla de la charte des devoirs de la profession de 1918. Bref, ce fut une communion dans la repentance.
Est-il vrai que les choses ne sont plus les mêmes aujourd’hui ? Il y a quelques jours, France2, emportée par son enthousiasme à défendre la démocratie en Iran, a montré, comme on le sait, des images de répression des manifestations dans ce pays. On a, cela étant, assez vite découvert que les photos étaient en fait celles de la répression au Honduras, pays qui ne semble pas passionner la rédaction de la chaîne.
La différence avec 1989 est donc réelle, mais pas où on pourrait le croire. C’est tout simplement que cet évènement ne donne pas lieu aux mêmes indignations qu’alors. A peine, sur France2, les téléspectateurs ont-ils eu droit à une phrase qui signalait l’erreur de façon d’ailleurs incompréhensible. En fait, la différence majeure est que, en 1989, les journalistes étaient manipulés ; aujourd’hui, ils s’intoxiquent eux-mêmes.
La dégradation s’accentue. Il est vrai que les émotions de 1989 n’avaient débouché sur aucune mesure contraignante ou réforme de fond quant à la formation des journalistes et aux conditions d’exercice de leur métier.
Est-ce une justification ? La légèreté et l’incompétence –pour ne pas dire plus- des journalistes seraient-elles devenues des banalités ? Quant à la République et aux règles démocratiques, qui s’en soucie encore ?